Il marchait la tête baissée en
regardant ses pieds. Il allait arriver dans la salle d’attente où il se
mettrait loin des autres, sans parler. Est-ce que le médecin allait le
voir ? Est-ce qu’il n’allait pas l’oublier dans son coin ?
Dans sa tête un enchainement de questions,
toutes négatives, lui faisaient battre les tempes : Et qu’allait-il
dire ? dirait-il ce qu’il fallait ? Regretterait-il, après, de s’être
mal exprimé ? Et, pendant des jours, mâchonnerait-il, ce qu’il aurait dû dire ? Il avait l’impression que tous
ses muscles se contractaient, qu’il avait subitement mal au dos. La porte
s’ouvrit et il se jeta à l’eau avec le regard d’un naufragé.
Cette scène se produisait chaque fois
qu’il avait rendez-vous, qu’il devait parler en société, à son travail, même en
famille.
Bien sûr il n’avait pas vraiment
d’amis ; Il disait bonjour dans la rue mais ne s’éternisait pas en
discours. Il ne voyait pas ce que dire aux autres et savait, qu’après
l’échange, il dissèquerait tous les mots pour voir s’il avait dit ce qu’il
fallait.
Un jour, après avoir beaucoup hésité, il
prit la décision de s’inscrire dans un club de sport où il passa pour un
sauvage, toujours dans son coin.
Mais, petit à petit, en début et en fin
de séance, il arriva à parler, à exprimer des idées. Il fut reconnu quand il
arrivait, appelé par son prénom. Il devint plus sociable et un changement
progressif s’opéra dans sa vie.
Il parlait plus volontiers dans la
rue, chez les commerçants. Il marchait même plus droit, s’efforçant de
redresser les épaules.
Il prenait du recul, ne décortiquait
plus les paroles entendues et prononcées.
Il devenait, un peu, celui qu’il
aurait aimé être. Peut-être s’aimait-il
enfin !
par Josy
Le village transformé
Les rideaux
ont bougé derrière les persiennes
fermées,
Quelqu’un
dans l’ombre s’est caché pour espionner
L’inconnu
qui dans la rue passait.
D’autres
étrangers plus tard sont arrivés
Venant
de loin comme de prés.
Leurs
maisons neuves ont métamorphosé les quartiers.
Le
village somnolant s’est alors réveillé.
Les
enfants ont investi les rues abandonnées.
L’école,
à classe unique, s’est développée.
Un
médecin s’est installé.
Les
transports collectifs plus souvent sont passés.
La
ville s’est rapprochée avec tout ce qu’elle offrait
Comme
travail, distractions, attrait.
D’un
monde qui mourait à petit feu a émergé
Une
société plus ouverte, plus modernisée.
Tout
c’est transformé.
par Josy
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