La côte est rude ;
je monte péniblement derrière les autres, un bâton dans la main pour m’aider à
avancer. Dans cet effort long et pénible, je me sens petit à petit devenir le
bâton, ce bâton semblable à celui d’un pélerin. Le paysage est magnifique et la
cascade que je longe éclabousse mon bâton ; c'est-à-dire, moi. Je pense
avoir été coupé dans un bois de chêne et, quand j’écrase quelque fourmi égarée,
j’ai de la peine pour elle. J’entrevois
la vieillesse et l’abandon : un bout de bois laissé au bord
d’un chemin, grignoté par les mêmes
fourmis que celles que je broie, avant de finir brûlé dans une quelconque
cheminée. Je sens sous mon bois, sous mes pas, les prés humides que je traverse. J’arrive, enfin, a
proximité de la minuscule source, fatigué, jeté à terre, écroulé sous mon
poids. Le bâton et moi ne faisons qu’un et nous ne nous séparerons pas les prochains jours
pour les autres étapes de montagne, à la recherche du merveilleux.
par Josy
Indéfinition
du voyage (revisité)
Le voyage est fuite
Fuite d’une vie monotone
Où la longueur des jours
La paresse de bouger
Nous épuisent mentalement
Les tracas du moment
Le passé l’avenir se mélangent
Dans un tourbillon oppressant
Alors nous projetons
De nous extraire de ce
train-train
De vivre vraiment
D’aller plus vite
De rencontrer la nouveauté
De vibrer
D’être nous-mêmes
Nous fuyons notre vie
Notre passé notre avenir
Nous sommes ailleurs
Dans un autre monde
Dans l’étrangeté
Mais après la fuite
Il y a le retour
La nostalgie
Une autre vie retrouvée
La nôtre.
La joie du voyage (lien avec
la nature)
Le voyage c’est d’abord le déplacement et la joie de voir
défiler des nuages ou des paysages insolites à travers une vitre de hublot ou
de véhicule terrestre. Ensuite, ce sont les terrasses ou les
rochers d’où l’on domine de vastes étendus, des gorges étroites, que sais-je
encore, où les yeux s’emplissent de merveilleux, où les poumons s’ouvrent, où
l’esprit se sent libre ; c’est peut-être ce qu’on appelle le bonheur.
Ensuite
on se promène, où bon nous semble, dans les terroirs, dans les forêts fraîches
et humides, dans les bois broussailleux, dans les jardins luxuriants. Toutes
les senteurs nous envahissent : l’humus du sol, la suavité des fleurs, le
parfum subtil des arbres ; on est heureux, tout simplement.
On découvre dans la ramure des
nids insoupçonnés, des batraciens près d’une mare où volètent des libellules
aux ailes délicates. Des oiseaux inconnus s’égosillent à proximité d’une
cascade fracassante, assourdissante.
On s’éloigne pour écouter les
bruits de la nature : c’est la nouveauté, c’est l’instant présent. En rentrant, le soir, on
admire les couchers de soleil, palettes de couleur aux camaïeux multiples :
du jaune au violet en passant par l’orange, et pourquoi pas un rouge pourpre ?
Ou un mauve velouté ?
Quand la nuit mange l’horizon,
on se sent apaisé, joyeux, étourdi par toutes les images, toutes les sensations
de la journée.
par Josy
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