Une buée légère, un clapotis, une odeur corsée se
répand dans la cuisine…
Ma bonne vieille cafetière tremble, s’agite ;
elle crache et éructe dans ma direction, je reste assise, pensive, passive. La
voilà qui enfle, s’étire, se déforme et de sa poignée, devenue corde tressée,
je me retrouve prisonnière, tirée inexorablement vers le bec écumant…
J’entrouvre mes yeux mouillés, accroche le regard
des femmes langoureusement allongées sur de moelleuses banquettes, enveloppées
dans des volutes de vapeur odorante. Dans un bassin turquoise flottent quelques
fleurs au milieu desquelles je réalise soudain que je suis immergée… Où
suis-je ?
La plus âgée des femmes me tend la main, m’attire à
elle, m’étreint. Ses compagnes se joignent à elle, me réchauffent, je suis
emportée comme sur un nuage, drapée de vapeurs et de senteurs…
A leurs côtés, je repose au creux de coussins écarlates,
bercée par le chant des oiseaux et des mélopées inconnues. Parfums sucrés. Le
soleil s’immisce à travers les persiennes et fait étinceler le plateau ciselé
sur lequel reposent les tasses dorées, emplies d’un odorant breuvage noir et
brûlant. Tout n’est que douceur, langueur, sérénité. Je tends la main vers le
breuvage offert …
Je sursaute, les tartines viennent de jaillir du
grille-pain! Il est sept heures dans ma cuisine, je ferais bien d’avaler mon
café en vitesse si je ne veux pas être en retard !
Muriel.
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