Elles marchaient
toutes les deux sur le même chemin de l’école, une école en bordure de la
ville, en pleine campagne. Il fallait longer la voie-ferrée et passer près d’un
bosquet avant d’apercevoir le bâtiment tout rond.
Elles chuchotaient
des histoires à dormir debout. Elles imaginaient leurs vies futures, leurs
maris, leurs enfants. Elles s’interrogeaient justement sur le « comment on
fait des bébés ? ». C’était un mystère dont on ne parlait pas dans les
familles. Elles voyaient bien les ventres grossir mais ignoraient la façon dont
cela pouvait arriver. Alors elles inventaient, disaient que c’était dû à un
médicament. Elles avaient aussi entendu parler d’une graine.
En devisant elles
approchaient de leur classe où, bien sûr, elles étaient sur le même banc tant
qu’on ne les séparait pas pour cause de bavardage. Puis, dès que la cloche
sonnait la sortie, elles s’évaporaient sur le chemin du retour. Elles
s’arrêtaient pour jouer avec une sauterelle ou ramasser quelque plante avec
laquelle on faisait des boucles d’oreilles.
Et elles
murmuraient toujours des secrets, de grands secrets qu’il faudrait, bien sûr,
garder pour soi. Car, en amitié, le secret est très important ; il fait et
défait les rapprochements enfantins.
Il y en avait une qui s’arrêtait avant
l’autre, sa maison étant plus proche et les conciliabules continuaient devant
le portail jusqu’à ce que l’heure les rappelle à l’ordre. Alors elles se
séparaient à regret en se disant : « à demain » pour un
autre cheminement animé de paroles et parfois de fâcheries.
Josy
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