Parole
enchantée
Le ruisseau doucement
s’étalait dans le pré fleuri. Quelques abeilles égarées butinaient dans un
silence de touffeur estivale. Leur bourdonnement arrivait de loin dans
l’oreille de l’enfant assoupi. Le chérubin ouvrit les yeux et étira lentement
ses bras et jambes. Il s’éveillait peu à peu et regardait autour de lui les
arbres que le vent léger frôlait, les coquelicots rouges dodelinant, les
abeilles accrochées à leurs pétales.
Le chat se faufilait dans
l’herbe, aussi silencieusement que possible. C’était un gros matou au pelage
roux ébouriffé et aux nombreuses cicatrices.
Il s’approcha de l’enfant,
très intéressé par cette proie facile.
D’un coup de patte rapide
comme l’éclair il griffa la peau laiteuse et vit soudain le bambin se transformer
en un énorme fauteuil où, lui, le chat, pourrait s’étaler en ronronnant et en
malaxant le tissu mordoré.
Le gamin avait disparu,
mais, quelque part, il existait encore : dans des limbes indéfinis, il
flottait entre terre et ciel.
Comment, se dit-il, retrouver
ma forme originelle ? Faudrait-il réciter une formule magique ? Sa
pensée s’activait pour trouver une solution quand une forme toute noire se
développa près de lui, ressemblant à une sorcière au nez crochu.
-Ah ! Ah : tu es
prisonnier de mon chat préféré ! Pour te sortir de cette mauvaise
situation il te faudra trouver trois pierres précieuses dans le ruisseau :
un saphir, une améthyste et un rubis.
La pensée de l’enfant cherchait
au milieu des pierres de quoi satisfaire la sorcière.
Mais où trouver ces cailloux
importants et avec quoi les ramasser ?
Il sentit, près de lui, un léger souffle de
respiration. Une adorable petite fille scrutait le ciel. Il essaya d’attirer
son attention :
-Enfant, enfant
écoute-moi ! Je suis tout près de toi, aide-moi à ramasser les bijoux, demandés
par l’horrible dame noire, pour
retrouver la liberté.
La fillette, alertée par
cette douce voix, réfléchit intensément et parvint à intégrer la pensée du
jeune enfant dans la sienne.
Ensemble, ils cheminèrent dans
le ruisseau en se concentrant intensément.
Petit à petit, ils aperçurent,
une à une, les pierres cachées au milieu des galets ordinaires.
La fillette les ramassa et les
mit dans sa poche. La sorcière la vit et lui dit :
Cherche dans ton imagination
la formule pour faire réapparaitre ton compagnon.
La fillette, aidée par la
pensée de l’enfant, prononça le mot magique : Vis.
Josy