jeudi 26 avril 2018

Brésil et la chenille Caroline.



Conte pour enfants


Brésil et la chenille Caroline

                         Il était, dans un temps indéfini, un village composé d’igloos magnifiques, de grands igloos tout blancs. A l’intérieur des tapis, des coupes en or, des vases en argent, des meubles en glace faisaient penser à un conte des mille et une nuits. On aurait dit l’Afrique transposée au pôle nord.
                       Dans cette contrée tous les animaux se côtoyaient, les ours blancs étaient les amis des girafes aux longs cous, les loups transportaient les écureuils sur leurs dos, les crocodiles nageaient avec les enfants dénudés.
                      Seul un petit garçon, à l’écart, portait un anorak, car certains préféraient le chaud et d’autres le froid ; et chacun avait le choix de la température. Il s’appelait Brésil, du nom d’un pays disparu.
                      Un matin, il sortit de son igloo, vêtu toujours de son anorak et se dirigea vers la rivière dorée où coulait de l’or fondu. Il suivit la rive en sautant à cloche-pied. De temps en temps, il se laissait tomber dans l’herbe haute où les fourmis cheminaient en dansant.
                    Tout à coup, il aperçut une chenille rouge qui se dandinait et qui lui adressa la parole, étonnant même dans cette contrée :
-Hé-ho ! Toi qui vas vite, pourrais- tu me conduire chez mes parents ? Ma mère est très malade et je ne peux arriver rapidement près d’elle.
                    Brésil, qui trouvait la chenille sympathique, la posa dans sa main pour l’amener à bon port.
- Comment t’appelles-tu et où habitent tes parents ? demanda-t-il.
- Mon nom est Caroline et je vais te conduire.
                     Bon an, mal an, ils cheminèrent à travers la prairie. Soudain, la chenille tomba de la main de l’enfant et se mit à se tortiller.
-Je suis tombée sur un chardon et je vais me transformer en vilaine bête à deux têtes.
Sous les yeux ébahis de Brésil, Caroline devint un monstre horrible.
                       Il se mit à courir pour lui échapper, mais elle était devenue plus grande et plus rapide que lui. Elle parvint à ses côtés.
                       Maintenant, dit-elle, je ne sais plus où sont mes parents, j’ai perdu la mémoire mais je crois me souvenir qu’ils habitent à côté de la cascade. Vont-ils me reconnaitre ?
L’enfant était bien ennuyé. Comment remplir sa mission en pareille compagnie ?
                       Il essaya d’écouter le fracas de l’eau, il tourna dans tous les sens puis vit un aigle immense qui planait vers un rocher. Il doit aller boire, pensa-t-il et il se dirigea vers le lieu où l’oiseau avait disparu, suivi de l’horrible Caroline.
                       Là, un spectacle merveilleux l’attendait : L’eau, chargée d’or, qui sautait de pierre en pierre, formait un rideau miroitant au soleil.
- Il me semble que mes parents habitent derrière la cascade, dit le monstre.
Derrière la cascade ? Mais comment la franchir ?
                        L’aigle qui se désaltérait entendant ces paroles proposa son aide :
- Si tu veux, je peux te porter tout là-haut où tu trouveras un chemin pour passer derrière la cascade. Il y a un tunnel à descendre pour rejoindre une grande salle.
- D’accord, mais Caroline ne pourra pas me suivre. Je vais la laisser ici.
                        L’oiseau survola Brésil qui parvint à s’accrocher à ses pattes. Il put admirer ainsi le paysage. Il vit, au loin, son village d’igloos scintillants et trouva qu’il s’était beaucoup éloigné. Une angoisse le saisit :
- Quand Caroline sera près de ses parents, comment pourrai –je  retrouver les miens ?
                        Il n’eut pas le temps de réfléchir davantage car il venait d’atterrir sur un rocher pointu qui lui transperça la cheville. L’aigle s’éloignait déjà. Brésil se retrouvait tout seul, loin de tout.
                      Heureusement que dans son pays les plaies se cicatrisaient toutes seules. Il n’eut donc pas mal et put se remettre en route à la recherche du tunnel.
Il le trouva, enfoui derrière quelques branches d’un arbre violet.
                       Il commença à descendre lentement pour ne pas glisser dans les flaques d’or. L’obscurité ne lui faisait pas peur mais de grosses chauves-souris le frôlaient en riant et il devait se faire tout petit à chaque fois.
                   Enfin il arriva dans la salle tant attendue. Elle était immense comme une cathédrale, remplie de stalactites d’or et d’argent. De grandes feuilles souples couvraient le sol et, sur l’une d’elle, il vit deux chenilles rouges, une qui grignotait et l’autre qui dormait.
-         Etes-vous les parents de Caroline ?
-         Oui, oui, répondit la plus grosse. Ma femme est malade et elle attend sa fille avec impatience.
               Comment leur expliquer que leur jolie chenille s’était transformée en horrible bestiole ? Il se mit à pleurer. Il était épuisé, affolé par cette aventure qui le dépassait. Il commença à appeler ses parents mais personne ne pouvait l’entendre derrière cette cascade.
                Le père chenille réfléchissait sur sa feuille. Seul, le sanglot de Brésil troublait les pensées de chacun.
                 Soudain, l’enfant sentit une présence près de lui. Il se retourna pour se trouver nez à nez avec le chat Kouki qui lui murmura : « Ne crains rien, je suis là, je t’ai suivi depuis ton départ de l’igloo mais il a fallu que je grimpe le long de la cascade avec Caroline, c’est pourquoi je n’arrive que maintenant »
                  Brésil ne s’étonnait plus d’entendre un animal parler.
-         Caroline est ici ? mais que vont dire ses parents ?
Le papa chenille avait entendu ces paroles.
-         Caroline ? Ma fille ?
-         Oui, mais elle est  maintenant transformée en monstre à deux  têtes.
-         Alors elle n’a pas écouté mes conseils. Elle a voulu quitter la grotte pour chercher de l’aide parce que sa maman était malade, mais il ne fallait surtout pas qu’elle tombe sur un chardon.
Heureusement vous l’avez ramenée et les grosses feuilles de la grotte vont servir d’antidote et la guérir.
Mets-toi à table, ma fille.
                 Caroline sortit doucement d’un recoin et se jeta sur sa nourriture habituelle.
-         Les enfants font leurs propres expériences, dit philosophiquement le papa. Il serait temps que vous repartiez chez vous avant la nuit. La maman de Caroline va s’endormir doucement près de sa famille. Il ne faut pas être triste, elle a vécu une longue vie heureuse et elle a besoin de ce grand repos éternel.
                 Après avoir dit « Au revoir » Brésil et Kouki repartirent chez eux, chacun réfléchissant de son côté à cette grande aventure.                        Josy

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