Douce chaleur sur mon visage, tête légèrement inclinée,
paille entre les lèvres, je savoure un de ces délicieux moments d’abandon au
soleil du début d’été…
La Grande-Motte, la Grande bleue, sa plage, ses touristes et
ses bars en terrasse. Lieux de rencontres, d’amourettes, rendez-vous
professionnels ou de vacanciers dont je suis un spécimen bronzé et enlunetté.
Je regarde passer le temps, les gens… C’est aux individus
accompagnés de quadrupèdes que je vais consacrer mon attention en cette belle
journée. Lucide, je sais que les animaux risquent de manquer quelque peu
d’exotisme : peu de girafes ou de guépards sur les quais de cette station
balnéaire ! Leurs maîtres seront, quant à eux, de simples passants, du
plus banal au plus déconcertant mais LA révélation sera la stupéfiante
ressemblance unissant l’animal à l’humain. Cette vieille dame emmitouflée et
son caniche bouclé, cette bimbo botoxée et son yorkshire à la houppette
enrubannée, ce flambeur aux pectoraux gainés et son pit-bull à l’air mauvais,
ce jeune couple amoureux et leur husky chahuteur… La roue des ressemblances
tourne sans à-coups, à peine un soubresaut quand je m’étonne de la présence de
ce teckel boudiné aux pieds d’un grand échalas dégingandé puis bien vite
soupçonne le jeune homme d’être le baby-sitter du toutou fortuné.
Je regarde l’un, je devine l’autre et réciproquement ! Je
m’esclaffe derrière mon mojito, prends quelques photos de spécimens
remarquables !
Puis, elle apparait à son tour, à pas mesurés, cette toute
petite dame toute ratatinée, chapeau fleuri sur ses cheveux gris ondulés, robe
à l’imprimé défraichi, panier en osier, elle tire sur le quai bitumé, au bout
d’une vieille laisse argentée, une boule de poils figée. Elle s’arrête, lui
parle, semblant la motiver mais l’animal reste impassible…
Et l’horloge cesse alors de tourner, mon sourire se fige,
mon cœur se serre. C’est une peluche râpée qui accompagne cette âme d’enfant
esseulée. Elles échappent au temps, au moment, outrepassent la règle que je
croyais vérité. Cette silhouette menue m’émeut, me bouleverse, m’interpelle
dans un seul et même instant et, à son passage, lorsque son regard rencontre le
mien sans s’y attarder inutilement, j’y reconnais la tendresse, la solitude et
le passage du temps….
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